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DECEMBRE 1593. 551
Ce bon homme avoit ordinairement en la bouche un traict de Marius qu'on lit en Plutarque, qu'il alleguoit pour response à ceux qui lui remonstroient le danger où il se mettoit de parler ainsi librement; à sçavoir, que de inai faire c'estoit aux meschans. De bien faire sans danger, il estoit bon; mais cela estoit vulgaire. Mais de bien faire avec danger estoit U vrai acte de r homme vertueux.
Ce jour, un bon nombre de capitaines et bourgeois de Paris s'estans assemblés de bon matin, allerent au logis du duc de Maienne, le supplier pour le colonnel d'Aubrai. Mais ledit duc estant adverti de la oause de leur venue, et ne les voulant ouir, fist descendre comme à l'impro Viste M. de Belin, qui les regardant d'un œil assez farouche, leur dit : «Que demandés-vous ? » De laquelle parole ainsi rude, comme estonné*, demeurèrent courts. Enfin aians un peu repris leurs esprits, ' dirent qu'ils venoient supplier Monseingneur pour le colonnel d'Aubrai ; et commé ils vouloient poursuivre, furent interrompus par ledit de Beim, qui leur respondit en ces termes : « Retirés-vous, si vous me voulés « croire, et vous ferés bien : car autrement je prevoy qu'il «c yaura ici du bruit; et si vous ne vous déportez de telles u requestes, il y a danger que M. du Maine vous traicte « pis que lui. » A quoi les autres, sans repliqué au-» cune, se retirèrent. Dont M. du Maine se prist à rire, estant bien aise que son invention de leur faire peur avoit succédé.
Ce jour, fust crié par Paris que tous ceux du parti contraire eussent à vider la ville dans trois heures, hors mis les marchans. Quand on le cria, je parois devant le Palais : et m'estant arresté pour ouir comme les
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